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Libérez votre cerveau

·2398 mots·12 mins
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TL; DR
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Plutôt que d’en faire un résumé, j’ai repris plusieurs passages et citations qui m’ont particulièrement intéressés dans le livre Libérez votre cerveau d’Idriss Aberkane. Concrètement, on y trouve une foule d’anecdotes concernant l’éducation, le cerveau, la sociologie, ainsi que quelques pointes de psychologie, d’informatique et de marketing.

Quel que soit votre domaine de compétences ou d’expertise, vous devriez y trouver des anecdotes qui vous toucheront plus que d’autres.

J’aimerais bien mourir sur Mars. Mais pas à l’impact. [Elon Musk]

Préface & introduction
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Comme l’écrit Serge Tisseron dans la préface:

Les projets qui nous tiennent le plus à coeur sont ceux qui nous permettent à la fois de nous épanouir et de nous rendre utiles au monde, à condition toutefois que nous ne fassions pas passer la réussite sociale du projet et les bénéfices secondaires que nous pouvons en retirer avant le bonheur qu’il y a à le mener, […] Idriss Aberkane rappelle sans cesse l’importance d’une expérimentation libérée face aux certitudes établies, aux conformismes et aux hiérarchies nées des idéologies du passé.

Bienvenue dans la neuroergonomie, l’art de bien utiliser le cerveau humain. L’auteur y parle de mémoire spatiale, épisodique et procédurale, d’empan (ce qu’on peut saisir) et d’affordance (la partie d’un objet la plus naturellement prise par nos mains), d’éducation industrielle inadaptée et de quantité primant sur la qualité (ces fameux pourcentages, notes, facteurs G et quotients intellectuels qui rythment nos vies).

Idriss Aberkane fait partie des gens qui pensent que nous pourrions tous êtes prodiges dans un domaine, pour peu que l’on s’en donne les moyens (et qu’on l’ait envie de se les donner). D’après lui, n’importe qui ayant suffisament de motivation et d’énergie peut arriver à un résultat “prodigieux” sous réserve de deux choses:

  1. Soit que ce thème lui soit préférentiel
  2. Soit qu’il ait accumulé suffisament d’heures de vol pour en assimiler tous les recoins.

Dans le premier cas, le prodige ne pratique pas parce qu’on le lui demande, mais parce qu’il adore ce qu’il fait. Il ne travaille pas pour une note ou pour la reconnaissance de ses pairs: il le fait pour lui, par désir inconditionnel de ce qu’il produit [pg31]. Cela signifie seulement que le salaire n’est pas sa motivation première, rien de plus.

… et puis la grande proclamation de la modernité, c’était que le progrès allait en quelque sorte libérer l’être humain. Mais moi, quand je prenais l’itinéraire d’un être humain dans la modernité, je trouvais une série d’incarcérations, à tort ou à raison. De la maternelle à l’université, on est enfermés. On appelle ça un “bahut”, tout le monde travaille dans des boites, des petites, des grandes, etc. Même pour aller s’amuser hein, on va “en boite”, bien sûr dans sa caisse, bien entendu… Et puis vous avez la dernière boite, où on stocke les vieux, en attendant la dernière boite que je vous laisse deviner. Vous pourquoi je me pose la question: existe-t-il une vie avant la mort? [Pierre Rabhi - Conférence TEDxParis 2011 - [pg29]].

La conformité n’est pas une fin en soi et elle ne remplira jamais une vie humaine (pg140). La pression des pairs est un moteur puissant dans la structuration de notre pensée et de nos comportements; l’humain préférera en général un monde connu mais malsain à un monde sain mais inconnu (page 149) (voir aussi l’expérience de Milgram ou l’expérience d’Asch, où les sujets indiquaient ne faire que s’intégrer. La promesse d’une récompense encourage notre cerveau à se placer dans une situation connue […]; son absence augmente ses degrés de liberté (page 156).

Qualité vs. Quantité
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Le quotient intellectuel ne permet que de classer les gens dans des boites; cet enfermement est une telle condition à notre vie que l’on ne pense pas à se définir différement [pg29]. Ceux qui sont sagement restés à leur place ont tendance à trouver insupportable d’être confrontés à des Mavericks, parce que cela leur rappelle qu’ils auraient pu ou dû quitter le troupeau des gens marqués au fer [pg31].

Quand il parle du règle de la quantité, il fait référence aux notes, aux pourcentages qui sont associés à notre travail et à notre évolution. Qu’aujourd’hui, l’égoïsme, l’indifférence et la maltraitance sont trois vertus capitales de nos sociétés postmodernes [pg35]. Et que “plus vous essayez de rentrer dans le moule, plus vous allez ressembler à une tarte”. A force de ne plus penser par soi-même, on se trouve confiné dans un moule qui ne dénonce plus l’autorité ou les absurdités. Ce sont les gens fièrement scolarisés, persuadés de leur valeur individuelle, qui ont commis sans broncher les plus faramineuses atrocités sur Terre [pg38].

Hackschooling
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Que voudras-tu faire quand tu seras grand ?. On s’attend à avoir des réponses comme “astronaute”, “neurochirurgien”, etc. Alors qu’en fait, n’importe qui qui aurait conservé son âme d’enfant s’orientera vers quelque chose qui lui plait, quelque chose avec lequel il aura déjà de l’expérience. Bref, quelque chose basé sur l’attraction, l’impulsion et la variation humorale, qui se résume globalement à huit choses (du Dr. Roger Walsh: “Therapeutic Lifestyle Changes” - TLC):

  • De l’exercice
  • Un équilibre nutritionnel
  • Du temps à l’extérieur
  • Du temps au service des autres
  • Des relations
  • Des récréations
  • De la relaxation et de la gestion du stress
  • Un brin de spiritualité.

La question posée est: est-ce que l’éducation aujourd’hui fait de ces huit points une priorité? En fait, non: la plupart du temps, l’école fait en sorte qu’une personne puisse réussir sa vie plutôt que de la vivre.

L’heure n’est plus à l’éducation de stock, mais à l’éducation de flux, c’est à la dynamique d’apprentissage qu’il faut s’intéresser, pas au stock des savoirs [pg42] […] S’il y a échec scolaire, qui est responsable? Le ministre ? Le recteur ? Le programme ? L’inspection ? Le chef d’établissement ? Le professeur ? Reste un seul coupable possible: l’élève… La meilleure façon de progresser, c’est d’être au contact immédiat des conséquences de ses décisions, et c’est exactement ce que fait le ministre. Le professeur […] est le plus à même d’expérimenter des pratiques pédagogiques et d’innover. Il est le seul à qui l’on puisse confier l’innovation. [pg43].

L’idée est de donner du relief aux choses pour mieux les agripper, de donner des poignées aux objets mentaux. On parle souvent de vulgarisation; Idriss parle de popularisation. Ou simplement de pédagogie. Donc de neuroergonomie.

Et comme le cerveau aime les raccourcis [pg91], les pensées automatiques seront conditionnées par notre vécu, par la saturabilité de notre cerveau.

Issue de la révolution industrielle, notre éducation est centrée sur la pensée de l’usine, et sa vertu cardinale est la conformité. Pas la créativité, pas le caractère, pas l’amour des savoirs, pas l’épanouissement. Non, la conformité avant toute chose [pg120].

Quand une copie est corrigée, ce que l’on y voit, c’est qui nous manque, pas ce qui a été assimilé [pg121].

Au final, la socialisation à l’école se produit par accident dans la cour de récréation et non pas en classe. Tout comme les valeurs prônées par l’école ne sont ni ce dont un enfant est capable naturellement, ni ce dont une personne a besoin pour réellement s’élever dans une société évolutive et bienfaisante.

Les cinq fantastiques
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  1. Ken Robinson, qui souligne l’aspect industriel de notr école “traditionnelle”. Dans certains pays, en une journée, les élèves passent moins de temps à l’extérieur que les prisonniers de droit commun.
  2. Matthew Peterson, qui a réussi à enseigner les mathématiques à ses élèves uniquemement avec des jeux vidéos
  3. Jane McGonigal: “jouer est la meilleure façon d’apprendre”. Le jeu encourage une pratique prolongée et assidue […] L’excellence émerge spontanément chez ceux qui se créent des défis autour de leur pratique.
  4. Simon Sinek: on ne déplace pas des foules, on n’engage pas des gens autour des questions “quoi” et “comment”, mais de la question “pourquoi”. Au niveau de l’éducation, la question n’est pas de noter ou non, mais de savoir pourquoi on le fait. Un jeu est intensément noté, il possède un score qui nous stimule; c’est le joueur qui réclame la note, elle rend l’ensemble encore plus amusant et accrocheur.
  5. Gunter Pauli: “ce n’est pas à la nature à produire comme nos usines, mais à nos usines à produire comme la nature”. Dans la mesure où notre école est devenue une usine à éduquer, il faut la réformer en suivant la nature, dans laquelle les flux de connaissance sont multicanaux et ergonomiques.

Il faut élaborer une gastronomie de la connaissance pour sortir du modèle fast-food et remettre le plaisir au coeur de l’école. Dans l’école actuelle, les professeurs souffrent autant que les élèves.

(pages 127-130)

Obsénité éloquente et éducation
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(page 141)

  • Côté prof: Je me fais chier à donner ce cours, tu vas te faire chier à l’apprendre, tout va bien.
  • Côté élève: Je me fais chier à venir, tu vas te faire chier à me donner cours, tout va bien.

Un tel système est infiniment plus vulgaire et mérite bien un peu d’obsénité éloquente (Patton).

On ne consolide jamais mieux un cours que lorsqu’on l’enseigne à autrui (pg142). Tout enseignant, dès la maternelle, est un enseignant-chercheur qui a pour mission d’améliorer les pratiques pédagogiques (page 143).

Et nous changerons notre société si nous plaçons l’épanouissement devant l’utilité économique: là où le sens ne coule pas, les humains pourrissent lentement et affreusement (page 145).

Jeux videos
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A l’instart de Jane McGonigal, un geek joue pour apprendre et transforme son travail en jeu (page 158).

Boire sans soif, sans recul et sans développer finement sa subjectivité n’est pas la façon idéale de consommer un grand cru. Il en va de même pour le jeu vidéo (page 158).

Si certains progamers étaient en échec scolaire, ils avaient développé pour certains un niveau de compétences en algorithmique, informatique et optimisation digne d’un élève de master (page 159). Les jeux videos sont aussi une excellente manière d’apprendre la programmation et devraient être utilisés comme tels.

L’auteur propose cinq conseils pour profiter (et faire profiter) des jeux vidéos à vos enfants (pages 160-162):

  1. Impliquez-vous dans le choix des jeux, d’une façon constructive et non-invasive
  2. Jouez avec vos enfants, notamment pour faciliter l’arrêt du jeu et prenez cinq minutes à la fin de la séancepour débriefer
  3. Devenez un sommelier du jeu vidéo. Elevez leur goût, faites-en non pas des consommateurs mais des critiquesvidéoludiques.
  4. Instaurez des crédits jeux vidéo, avec un ratio entre 1 et 1.5 en faveur du temps de travail. Cela fait deuxheures de jeu gagnées pour 3h de travail. Et aux tâches spéciales, on accorde des récompenses spéciales.
  5. Diversifiez le régime alimentaire.

Le cerveau
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Pour arriver à mieux saisir certains concepts, l’idée est de d’inhiber le cortex préfontal, pous désinhibés l’individu. En augmentant la confiance en soi et en réduisant la part de doute dans la planification d’une tâche, la désinhibition peut augmenter les performances et stimuler la créativité, notamment dans la résolution de problèmes ou dans l’écriture. Par exemple, prendre une petite dose d’alcool pour limiter le trac [pg70].

De fait, lorsque nous nous persuadons que nous sommes incapables de réaliser une tâche, nous avons beaucoup plus de chances d’y échouer [pg71].

On parlait plus haut de hacking. Au niveau du cerveau, cela peut être fait grâce à l’hypnose, qui court-circuite une partie de notre esprit critique. Un autre moyen de hacker le cerveau est d’utiliser la “cécité d’inattention” dans le cas d’un stimulus sensoriel [pg74]: par exemple en demandant au sujet de répondre à une question de calcul mental ou de culture générale afin de le rendre insensible à la douleur durant un court laps de temps (juste le temps de faire la piqûre… :)). L’information de la douleur aura bien été relevée, mais elle n’aura pas accès à la conscience qui sera accaparée par une autre tâche.

Un peu plus loin (page 73), “si le cerveau ne calcule pas rapidement la racine 73ème d’un nombre à 500 chiffres, ce n’est pas parce qu’il n’en est pas capable, mais parce que cette capacité n’a jamais été fondée par un instinct de survie”.

Nos neuronnes ont d’abord servi à définir une kinésphère - un ensemble des mouvements possibles - puis une noosphère - un ensemble de pensées possibles - et cette noosphère nous est encore largement inconnue […] L’humain, lui, s’interdit certaines explorations mentales et la pression des pairs l’encourage au confinement [pg110-pg111].

Nous avons une attitude irrationnelle vis-à-vis des gains et des pertes: la douleur d’une perte n’est pas symétrique au plaisir d’un gain. De plus, la courbe de réponse est logarithmique: après avoir gagné 100€, il faudra en gagner 1000 (10 fois plus) pour gagner une seule dose de dopamine supplémentaire (page 157). Le cerveau trivialise les gains et amplifie les pertes.

En bref
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Hackez les choses, passez 5 heures, 500 heures ou 50 000 heures sur ce qui vous passionnent, expérimentez, sentez, maîtrisez.

Liens, références et notes
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Il y a disonnance cognitive lorsqu’on voit brise ce que l’on croit. Sous le IIIè république, on enseignait la nage sur tabouret, sans jamais aller dans l’eau. Si une personne de cette époque rencontrait quelqu’un qui sait déjà nager sans avoir jamais suivi ce cours, elle pourrait imaginer tout plein d’explications fantaisistes pour expliquer ce phénomène, jusqu’aux possibilités de “cet enfant a été formé à la nage sur tabouret” et “cet enfant n’existe pas”. Déformation professionnelle bien connue des scientifiques: “si je l’ignore, cela n’existe pas, et si cela n’existe pas, cela ne peut pas exister”.

En neurosciences, il arrive que l’on prenne la corrélation pour une causalité. C’est l’hypothèse erronée que parce que plusieurs choses sont liées (corrélées), il y a un lien de cause à effet.

Conviction que les foules votantes prennent plaisir à leur propre infantilisation. D’où l’enchaînement cynique mais logique, de la neuroergonomie de la politique avec celle de l’arnaque.

  • Pendant longtemps, le Paris haussmanien associait à chaque étage une couche sociale bien précise. Le deuxième était par exemple l’étage noble, réservé aux riches, quand le dernier, sous les combles, abritait les chambres de bonne. Avec l’apparition de l’ascenceur, comme le note Serge Soudoplatoff, cete socialologie verticale s’est trouvée substituée par une sociologie horizontale: les familles pauvres ont été progressivement boutées hors de Paris, et les derniers étages, plus lumineux et calmes, sont devenus la coqueluche des acheteurs hype… [pg97].
  • Les fab labs

La publicité est un monde où les guimauves semblent bel et bien pousser sur les arbres (page 183).