En 1911, les grandes puissances vivent leurs derniers instants d’insouciance. Bientôt la guerre va déferler sur le monde… Cinq familles - américaine, russe, allemande, anglaise et galloise - vont se croiser, s’aimer, se déchirer, au rythme des bouleversements de l’Histoire : la Première Guerre mondiale et la Révolution russe. Cette gigantesque fresque dépeint toute la gamme des sentiments humains et dresse une galerie de portraits saisissants. Des personnages exceptionnels, passionnés, attachants, tourmentés, qui, en dépit des tragédies, bravent les obstacles et les peurs pour s’accomplir.
Le point central de l’histoire est la guerre 14-18; comment on y est arrivé (quoiqu’en prenant un peu le train en marche - on oublie toute la partie pré-20ème siècle). Pour une fois, le point central n’est pas la guerre en elle-même, mais tout ce qui tourne autour: quelles en ont été les conséquences avant, pendant et après, quelles nations ont été impliquées et pourquoi, comment les populations ont réussi à traverser cette époque (et ce, à différent niveaux de catégories socio-professionnelles - le comte gallois de Fitzherbert s’en sortira un peu mieux que 90% de la population de Petrograd…).
Petite proposition: mettez ça au programme de l’école, qu’on nous débarasse des Mésopotamiens et des Egyptiens pendant les premières années scolaires, et qu’on passe plus de temps à étudier les raisons pour lesquelles on en est ici, là, actuellement, maintenant.
La fiction est noyée dans les détails historiques, à tel point qu’on ne fait plus vraiment la part des choses entre l’Histoire et les petites ancedotes amoureuses et déconvenues des différents personnages. Comme chacun des protagonistes appartient à sa propre catégorie socio-culturelle, cela permet de se mettre en situation et de réellement suivre l’évolution des mentalités, des choses qui choquaient et de ce à quoi la population aspirait: culture, grèves, diplomatie, politique. Les grands noms sont cités et jouent leur rôle; les personnages fictifs se croisent et dépeignent une partie de l’histoire que nous sommes tous trop jeunes pour connaître.
Nos officiers sont-ils des imbéciles ou des menteurs ?
Petit point bonus sur la description de la bataille de Somme, qui pourrait être comparée à la reconstitution du débarquement de juin 1944 mis en scène par Spielberg. Après 7 jours de pillonage, les Alliés attaquent les tranchées allemandes, pour ne gagner que 11 malheureux kilomètres à la fin de la bataille. C’est dur, bien décrit, et on en vient réellement à prendre parti pour la Paix plutôt que pour la guerre à outrance, déclarée en février 1916.
Bref, j’ai mis longtemps à le sortir de son lit de poussière, mais une fois démarré, je ne l’ai plus lâché.