La cathédrale de la mer

Publié le 17/05/2023

tagged #Netflix

C’est comme Ken Follet pour le cĂŽtĂ© historique, mais en nettement moins trash (le dĂ©tail de chaque mort ne prend que quelques lignes, pas un paragraphe ou un chapitre complet - idem pour les viols et autres supplices corporels), mĂȘme si la menace psychologique de voir nos petits personnages prĂ©fĂ©rĂ©s se faire enquiquiner par leurs Ă©gaux (parfois) ne cesse rĂ©ellement de planer sur leurs petites tĂȘtes enfantines.

Il est juste dommage que le cĂŽtĂ© historique soit un peu minĂ© par quelques histoires de cƓur - je ne suis pas sĂ»r qu’elles apportent rĂ©ellement un plus Ă  l’histoire (sauf peut-ĂȘtre de savoir que le prĂ©servatif existait dĂ©jĂ  Ă  ce moment-lĂ , mais sous forme de bonnet de cuir graissĂ© (et lĂ , on va penser que c’est le seul truc que j’ai retenu 🙃)).

Il y a Ă©galement toute une partie de remise en contexte gĂ©opolitique, d’introspection sur l’inclusion des Juifs dans la sociĂ©tĂ© de l’époque (et sur les persĂ©cutions qu’ils subissaient dĂ©jĂ  Ă  l’époque - mais finalement, de tout temps), sur la bourse (qui n’a rien Ă  voir avec les contraceptifs vu juste au dessus) de l’époque et les prĂȘts Ă  courts termes, 
 et sur la construction de cathĂ©drales 😉

[...] ce que tente d'interdire l'Eglise n'est pas l'intĂ©rĂȘt, mais l'obtention d'un bĂ©nĂ©fice par l'argent, et non par le travail, ce qu'on appelle les prĂȘts Ă  taux rĂ©duit. ]

Note: les nobles sont toujours aussi pourris. Mais l’auteur y revient moins souvent que les autres romans que j’ai pu lire, et les quelques personnes pour lesquels la mort n’est pas explicite servent de rebondissement ultĂ©rieur
 ce qui reste agrĂ©able de voir / lire que tout le monde ne veut pas juste crever le hĂ©ros. Et Ă  la fin, les nobles meurent dans d’atroces souffrances ou subissent les pires sĂ©vices (comme devoir sortir de chez eux sans chaussures). Il est "marrant" de voir que ces mĂȘmes nobles se complaisent dans la position qui leur est donnĂ©e ("Dieu a crĂ©e les nobles et les pauvres ; il est normal de les considĂ©rer pour ce qu’ils sont"), sans remise en question. Il est marrant aussi de voir que tout est rĂ©git par la Voie de Dieu, et que rien n’est remis en question s’il est ainsi dĂ©cidĂ©. Ce qui n’empĂȘche par l’Inquisition d’avoir une part de capitalisme juchĂ©e en elle.

C’est Ă©galement le premier livre oĂč la description du contexte politique et Ă©conomique, abordant mĂȘme les bureaux de change. Le fait d’avoir un hĂ©ros qui est aussi bon dans n’importe quel domaine permet de brasser Ă©normĂ©ment de

Note (aussi): bien que ce livre fasse plus de 800 pages (et presque 500 grammes en version poche
), il n’empĂȘche en rien de le trimballer partout avec moi (et de le perdre frĂ©quemment, Ă  force de le placer dans des endroits insolites).

Sur la fin, ça sent le sapin: la TrĂšs Grande et TrĂšs Sainte Inquisition (ainsi que ses supers idĂ©es d’animation) se mĂȘle Ă  la fĂȘte, et ça fait des chocapics que tout le monde se retrouve en taule ou Ă  souffrir le tortyre (mix entre torture et martyre).

Cela reste finalement un roman, Ă  l’eau de mer plutĂŽt qu’à l’eau de rose, agrĂ©able Ă  lire, violent, cru et historique, intĂ©ressant et intelligent.

Et en cherchant une image de couverture, je remarque qu'il existe la série sur Netflix.