La cathédrale de la mer
Câest comme Ken Follet pour le cĂŽtĂ© historique, mais en nettement moins trash (le dĂ©tail de chaque mort ne prend que quelques lignes, pas un paragraphe ou un chapitre complet - idem pour les viols et autres supplices corporels), mĂȘme si la menace psychologique de voir nos petits personnages prĂ©fĂ©rĂ©s se faire enquiquiner par leurs Ă©gaux (parfois) ne cesse rĂ©ellement de planer sur leurs petites tĂȘtes enfantines.
Il est juste dommage que le cĂŽtĂ© historique soit un peu minĂ© par quelques histoires de cĆur - je ne suis pas sĂ»r quâelles apportent rĂ©ellement un plus Ă lâhistoire (sauf peut-ĂȘtre de savoir que le prĂ©servatif existait dĂ©jĂ Ă ce moment-lĂ , mais sous forme de bonnet de cuir graissĂ© (et lĂ , on va penser que câest le seul truc que jâai retenu đ)).
Il y a Ă©galement toute une partie de remise en contexte gĂ©opolitique, dâintrospection sur lâinclusion des Juifs dans la sociĂ©tĂ© de lâĂ©poque (et sur les persĂ©cutions quâils subissaient dĂ©jĂ Ă lâĂ©poque - mais finalement, de tout temps), sur la bourse (qui nâa rien Ă voir avec les contraceptifs vu juste au dessus) de lâĂ©poque et les prĂȘts Ă courts termes, ⊠et sur la construction de cathĂ©drales đ
[...] ce que tente d'interdire l'Eglise n'est pas l'intĂ©rĂȘt, mais l'obtention d'un bĂ©nĂ©fice par l'argent, et non par le travail, ce qu'on appelle les prĂȘts Ă taux rĂ©duit. ]
Note: les nobles sont toujours aussi pourris. Mais lâauteur y revient moins souvent que les autres romans que jâai pu lire, et les quelques personnes pour lesquels la mort nâest pas explicite servent de rebondissement ultĂ©rieur⊠ce qui reste agrĂ©able de voir / lire que tout le monde ne veut pas juste crever le hĂ©ros. Et Ă la fin, les nobles meurent dans dâatroces souffrances ou subissent les pires sĂ©vices (comme devoir sortir de chez eux sans chaussures). Il est "marrant" de voir que ces mĂȘmes nobles se complaisent dans la position qui leur est donnĂ©e ("Dieu a crĂ©e les nobles et les pauvres ; il est normal de les considĂ©rer pour ce quâils sont"), sans remise en question. Il est marrant aussi de voir que tout est rĂ©git par la Voie de Dieu, et que rien nâest remis en question sâil est ainsi dĂ©cidĂ©. Ce qui nâempĂȘche par lâInquisition dâavoir une part de capitalisme juchĂ©e en elle.
Câest Ă©galement le premier livre oĂč la description du contexte politique et Ă©conomique, abordant mĂȘme les bureaux de change. Le fait dâavoir un hĂ©ros qui est aussi bon dans nâimporte quel domaine permet de brasser Ă©normĂ©ment de
Note (aussi): bien que ce livre fasse plus de 800 pages (et presque 500 grammes en version pocheâŠ), il nâempĂȘche en rien de le trimballer partout avec moi (et de le perdre frĂ©quemment, Ă force de le placer dans des endroits insolites).
Sur la fin, ça sent le sapin: la TrĂšs Grande et TrĂšs Sainte Inquisition (ainsi que ses supers idĂ©es dâanimation) se mĂȘle Ă la fĂȘte, et ça fait des chocapics que tout le monde se retrouve en taule ou Ă souffrir le tortyre (mix entre torture et martyre).
Cela reste finalement un roman, Ă lâeau de mer plutĂŽt quâĂ lâeau de rose, agrĂ©able Ă lire, violent, cru et historique, intĂ©ressant et intelligent.
Et en cherchant une image de couverture, je remarque qu'il existe la série sur Netflix.