Neige Rouge

Publié le 21 févr. 2025

En 1552, Lideweij Feelinck, jeune Néerlandaise de vingt ans, fait appel à l’un des médecins les plus renommés des environs de Leyde lorsque son père tombe gravement malade. Entre le docteur Andries Griffioen et elle, c’est une évidence amoureuse immédiate. Mais alors que pointe l’Inquisition européenne, cette possible union entre un protestant et une catholique éveille la fureur de sa famille. Déchirée entre l’amour sincère qu’elle porte à son père et ses envies d’indépendance, Lideweij doit faire un choix et questionner sa propre foi, tandis qu’Andries, appelé auprès du prince Guillaume d’Orange, se retrouve confronté à l’une des pires maladies qui soient… Bientôt, l’accession au trône du roi catholique espagnol Philippe II vient rebattre les cartes politiques et enfle la menace à l’encontre des réformés. La noblesse résiste, se mobilise pour la liberté de culte et affronte le terrible destin auquel est promise la population protestante…

En n’en étant qu’au début, c’est vraiment intéressant : à l’époque, épouser quelqu’un commençait pas s’assurer de sa foi et de la religion qu’il suit. No way qu’une catho se marie avec un luthérien. C’est un peu la tendance « woke » de l’époque (et prouve donc que c’est un mouvement récent qui a toujours existé). Ça parle de maladie aussi, de saignées, … C’est super intéressant d’avoir un avis basé sur les balbutiements de la science. 1

Les parties « médicales » jouent un peu le liant entre les évolutions religieuses, tout comme l’arbre généalogique de Guillaume d’Orange, qui permettent de situer l’histoire dans sa chronologie.

La partie la plus farce revient (évidemment) à l’invasion des Pays-Bas par l’inquisition et l’armée espagnole, qui ont toujours autant de chouettes idées d’animation : bûchers, noyades en place publique, exécutions, tortures variées, … C’est un peu le Clud Med de l’époque, avec quelques chouettes activités pour les condamnés. Ça remet aussi en perspective que le Pape n’aimait pas vraiment partager, et que la doctrine protestante visant à diminuer les richesses de l’Egoise catholique, n’était pas super bien perçue. Mais ça, c’est encore la partie individuelle ; quand l’armée comprend qu’il faut faire dans la tuerie de masse et avec tous ces protestants, ils s’en occupent paquets de 500, voire par village entier. Et cette partie est vraiment deguelasse : je voulais continuer, mais je voulais aussi lâcher le livre. Mais je voulais quand même continuer.

La suite devient relativement flegmatique : la guerre s’enlise, le duc d’Albe est un gros connard qui mériterait de subir ce qu’il fait lui-même subir aux protestants (voire, pire : à ceux qu’il suspecte de l’être (Voire à ceux qui auraient peut-être pu connaître le cousin par alliance du fermier qui a vendu du lait à un protestant. Bref, les guerres sont des choses horribles. Les guerres de religion sont à la guerre, ce que la guerre est à la guerre : une ignominie. Guillaume s’enfonce dans ses finances (et pas l’inverse), à ne pas arriver à lever une armée - ou simplement à ne pas arriver à gouverner celle qu’il a déjà.

On a une moitié de livre qui attend patiemment le siège des quelques villes de Naarden, Haarlem ou Leyde, en passant par la case famine - toujours l’armée espagnole et ses super idées d’animations - et pendant lesquelles il ne se passe pas grand chose, jusqu’à la fin du livre, où on a droit à la fin de la vie de Guillaume d’Orange en accélérée - jusqu’au retrait des Espagnols et la fin de la guerre de quatre-vingt ans. Un peu inégal. Mais bien écrit.

Histoire de remettre ceci dans le contexte géopolitique actuel, on se souviendra que chaque discours de Trump se termine par un « God Bless America », où on réalise que 2025 n’est peut-être finalement pas si éloigné de 1567…


  1. Le seul hic, c’est qu’à chaque fois que quelqu’un roule un patin à une autre personne, je ne peux m’empêcher de penser que le dentifrice n’avait pas encore été inventé. ↩︎