Pandemia

Writers: #Franck Thilliez
Publié le 24 nov. 2025

Et allez, un nouveau thriller dans les entrailles (pardon) d’une petite pandémie, qui commence gaiement par quelques découvertes macabres (un sac contenant quatre corps, un promeneur assasssiné, …) en mise en bouche.

Évitez de lire en mangeant votre repas (ou alors, soyez végétarien et fichez vous-en). Autant j’avais sérieusement accroché à Angor du même auteur, autant j’ai pas mal déchanté sur celui-ci : entre la “définition” (probablement relue et corrigée par un pigiste de TF1) du “darkweb” à base de réseau TOR, de protocol Onion et d’extension en .dkw (pour “darkweb”… oui, c’était tellement gros que j’ai pas compris immédiatement), qu’on peut y trouver n’importe qui pour tuer n’importe quoi (ou l’inverse). C’est sensationnaliste, mais absolument pas réaliste.

L’impression aussi de lire les chroniques du COVID avec quelques années d’avance (le livre date de 2015), mais sérieusement en retard (on est en 2025 🙄). Un petit sentiment d’actualité et de déjà-vu, du coup, qui élimine pas mal le côté romanesque et fiction percutante :

Côté personnages, Thilliez n’hésite pas à sacrifier ses héros sur l’autel du malsain - histoire de prouver à nouveau que le méchant est vraiment méchant et pas juste un glitch dans la matrice. À côté de cela, on a quelques morceaux d’accroches tiré des heures de grande écoute et de liens putaclics, avec “l’homme en noir” (qui doit probablement faire très, très peur à Mme Michou) ou ces salauds qui utilisent Tor pour s’échanger des vidéos de bébés phoques morts.

C’est très visuel, mais cela ne construit pas un méchant du point de vue psychologique.

À noter que cela rejoint le récent clash concernant GrapheneOS, présenté par nos animateurs favoris comme le système préféré des narcotrafiquants, alors qu’il s’agit un projet open-source basé sur AOSP et centré sur la vie privée plus que sur le trafic de farine coupée à l’héroïne. Les recherches sur le nucléaire ont fait sauter Hiroshima et Nagasaki, on n’a pas éteint les centrales nucléaires pour autant. Un outil ne peut pas être coupable de l’utilisation qui en est faite. TOR et GrapheneOS sont des outils utilisés par des activistes, par des geeks, par des journalistes ou par des chercheurs ; mais cette réalité est trop plate et ennuyeuse, alors on préfère amalgamer “vie privée = mal absolu” et en faire le repaire des trafics d’armes, d’organes et des atrocités en SVOD.

Malheur à celui qui prendra ce récit au premier degré - ce que les journaleux de 20h ne manqueront pas de réaliser à la première occasion, alimentant le cercle vicieux du sensationnalisme.

On l’appelle l’homme en noir, parce qu’on pense qu’il est vêtu de noir de la tête aux pieds”. Bien joué Captain Obvious ! 👍 (et c’est à la page 427 de mon édition, pas une invention de ma part hein).

Après, tout n’est pas à jeter : la source du mal provient en fait d’un problème écologique et industriel, ce qui me plait entièrement, à base de croisement d’oiseaux, de porcs, de génétique et de contamination de nappes phréatiques totalement d’actualité.

Une chouette enquête, finalement pas si sanglante que cela, avec 200 pages en trop de pseudo technologie bâclée. Le suspense est présent, juste étouffé par des détails techniques peu réalistes, alors que certains thèmes sont clairement de l’anticipation. C’est … dommage. Parce que le fond est totalement crédible, dans son habit écolo-techno-biologique.