The Last Of Us
Publié le 8 nov. 2025Va y avoir du spore
Tiré d’un jeu vidéo hautement titré - ce qui devient un peu la norme, parmi les séries, c’est assez rares qu’elles soient d’inspiration originelle -, The Last of Us commence par une émission datée de 1968, qui fait planer la menace d’une infection par champignons. Mais rassurez-vous, “on n’a rien à craindre tant qu’il n’y a pas une élévation de la température du monde”.
Bref, 2003, on a tous les éléments pour une petite infection classique, l’objectif des champignons étant de se reproduire le plus possible et de dézinguer le maximum d’êtres vivants pour procréer et supprimer l’espèce dominante.
Je connais vaguement les deux personnages principaux - Joël et Ellie -, de part les quelques textes ou vidéos que j’ai pu lire ou voir, mais je ne sais pas exactement ce qui leur arrivera. Le souci de connaître les personnages principaux, c’est aussi de stresser pour tous ceux que je connais pas. Et de toutes façons, depuis Ken Follet, j’ai appris qu’il était possible de faire crever ses héros sans se poser trop de questions, juste pour le show, le suspens et les retournements gratuits. Spoiler : Ken Follett a dû participer à l’écriture du scénario, ce n’est pas possible autrement.
La bande son est aux petits oignons. Le stress palpable. J’écris en même temps que je regarde, pour m’occuper l’esprit et détourner le regard de l’image, en espérant ne pas sursauter bêtement lorsqu’un gros bolet sautera à la tête d’une des héroïnes, façon facehugger dans Aliens. Les acteurs qui ont joué les infectés ont dû bien s’amuser à jouer les poulets qui gloussent, parce qu’ils sont quand même salement flippants. J’évite également de boire, pour ne pas disperser le contenu de mon verre d’eau sur le clavier à chaque sursaut, et je remets une dose de déo homemade avant de démarrer un nouvel épisode.
COVID-23
Encore 20 ans plus tard (là, on s’est fait un 28 jours/mois/années plus tard en moins de 30 minutes), on découvre Elie, et le monde tel qu’il a été saccagé. Les sentiments ont été mis de côté, chacun fait son job ; l’état est totalitaire (« pour le bien de tous », probablement). Au hasard, un enfant est récupéré en zone de quarantaine, tout le monde s’occupe de lui, on se dit qu’il va s’en sortir. Et il est en fait euthanasié quelques secondes plus tard. C’est vraiment dur, mais vachement bien raconté et mis en scène.
La science s’en mêle en reprenant les codes de communication des champignons, avec leur réseau micellaire et sous-terrain - heureux d’avoir lu « La vie secrète des arbres » pour me rassurer (ou pas), en mode “si tu marches au mauvais endroit, ils sauront que tu es là”.
Fallout New Mushroom
On est à nouveau dans un univers « fallout-esque », post-apo, où le pire n’est pas obligatoirement l’humain. C’est très, très sombre, et là où les zombies sont d’habitude lents et un peu con-cons, les infectés sont beaucoup plus autonomes et rapides, quoique sensibles uniquement aux bruits et pas à la lumière ou aux mouvements. Cela joute une dimension nouvelle par rapport aux standards du genre - standards dont on trouve quand même quelques références bien senties, The Walking Dead, Fargo, Luigi’s Mansion et Mad Max en tête, avec des véhicules armés jusqu’aux dents - quand ce ne sont pas des mercenaires ou des gens normaux qui s’essayent à dézinguer nos héros. Ça troque des batteries de voitures, ça deal des stupéfiants, ça joue sur les tickets de rationnement, … Joël est un vieux bourru usé par les années et les évènements, en bout de course, la mort de sa fille l’a laissé sur le carreau, ça a déconné avec son frère, sa femme est probablement morte pas joliment. Elie est une sale petite peste née après le début de la pandémie et à présent une ado en pleine croissance (et questionnement).
C’est flippant. Grisant, mais flippant. Mais je ne vois pas très bien comment se débarrasser d’un champignon, si ce n’est en fricassée et à la poêle.
On pourrait en faire un jeu vidéo que ça serait vraiment top 👍 Et on pourrait jouer à quatre simultanément, en se battant contre des hordes d’infectés, et on appellerait ce jeu “4 Morts à Gauche”.
Oh. Wait…
Au revoir là-haut
Evidemment, les infectés ne sont pas le seul problème. Après, arrivent les pillards et la fin des beaux jours à l’extérieur.
L’épisode 3 est touchant d’humanité. Il aurait pu être un film à part entière. C’est nuancé, et pas juste des gentils contre les méchants, et même dans un monde en ruine, il y a des émotions que l’on ne refoule pas. La satisfaction d’une vie se clôture par une romance dans un monde totalement détruit. A peu de choses prêt, cet épisode aurait pu surclasser l’intro de “Là-haut”, de Pixar.
Cinquante nuances de petit-gris
En parlant d’émotions, il y a évidemment la peur. Mais il y a aussi la tristesse, la joie, la colère : rien n’est tout noir ou tout blanc, chaque situation est balancée, nuancée, … Humaine. Chaque évènement est moralement flou. C’est complexe, fatiguant, mais toujours beau dans la désolation, même si tout se finit de la même manière : par la mort.
Sans rien divulgâcher, la fin de la première saison est magistrale dans sa réflexion morale, et vaut son pesant de cacahuètes à elle toute seule. Je vais probablement m’arrêter ici et ne pas entamer la deuxième saison : j’apprécie plus une oeuvre quand je sais qu’elle est contenue et restreinte 😉