Kévin
Publié le 13 nov. 2024Il y a des profs qui aiment leurs élèves, les pédagogues compétents les directions d’école engagées, qui luttent chaque jour jusqu’à épuisement, les parents impliqués, les élèves inspirants. On ne parlera pas d’eux. On parlera de Kevin. Parce que l’école, pour Kevin, ça n’a pas du tout marché.
Il a été démontré que la Belgique (et la France) sont deux pays de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) où l’indice socio-économique des élèves détermine le plus les résultats scolaires. Dans aucun autre pays - sauf en Hongrie -, les résultats ne dépendent autant de l’origine sociale de l’élève. Il existe donc chez nous le plus grand écart de niveau entre les enfants issu.e.s de classes populaires et les enfants issu.e.s de classes favorisées: nous avons un système scolaire où l’égalité des chances fonctionne le moins et qui est par conséquent le plus reproducteur d’inégalités.
En Belgique, on a clairement une représentation de type y = x, où plus l’école est pauvre, moins bon sera le “classement” des élèves. A comparer avec la Norvège (par exemple), on remarque qu’il n’y a pas d’école “pauvre”, et que la tendance se situe plutôt du milieu vers le haut.
On se rend compte également que les “bonnes” écoles ont bonne réputation et n’ont aucune difficulté à ce que les élèves s’y inscrivent ; et lorsqu’un élève n’arrive pas à suivre le cycle de cette école, il est gentiment (mais sûrement) poussé vers une école avec une moins bonne réputation. Les élèves présentant le plus de difficultés vont invariablement se retrouver poussés vers des écoles de moins bonne réputation, qui vont enliser cette réputation: le serpent se mord la queue, et les vases ne communiquent que dans un sens.
Ce dont on se rend compte aussi, c’est que la distribution statistique des élèves dans une classe sera systématiquement représentée par une Loi Normale (ou courbe de Gauss, au choix) ; quelques élèves vont totalement rater, d’autres vont super bien réussir, et la grande majorité va se retrouver dans le “ventre mou” de la courbe. C’est-à-dire, la même chose que depuis 400 ans, lorsque les écoles (jésuites, à l’époque) classaient les élèves selon les Optimi, Dubii et Inepti.
Sur le fond, il y avait énormément de choses (très !) intéressantes, mais le seul hic à tout ceci, est que le spectacle ne se termine pas sur une note vraiment positive, mais plutôt sur un constat qui semble immuable.