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Je pense trop

·1159 mots·6 mins
Christelle Petitcolin

J’ai démarré ce livre avec un sentiment de “boah!, ça va encore être nul”. Tu parles. J’ai commencé à cocher les cases petit à petit en me demandant si tout ce que je ressentais n’était pas issu de là.

J’ai démarré ce livre écrit par Christel Petitcollin avec un sentiment de “boah!, ça va encore être nul”. Tu parles. J’ai commencé à cocher les cases petit à petit en me demandant si tout ce que je ressentais n’était pas issu de là.

Chez la plupart des gens, un tri s’opère automatiquement parmi les informations sensorielles disponibles. Les informations inutiles se mettent naturellement en veille. Le cerveau est disponible pour se focaliser sur l’essentiel. Cette hiérarchisation automatique des stimuli permet de se concentrer sans effort sur ce qui est pertinent. Chez certaines personnes, ce tri doit être fait manuellement. C’est à la personne à décider ce qui mérite son attention ou non et de faire l’effort mental de passer le reste au second plan.

Hypersensibilité: l’inconfort de l’impuissance à garder le contrôle. Un mot est rarement le synonyme d’un autre; les nuances de ton et la gestuelle ont leur importance. Les gens hypersensibles sont sensibles (forcément), émotifs et ont besoin d’affection. Ils sont balladés fortement en fonction de leurs humeurs (d’où anxiété, colère et moments de déprime).

Ces personnes ont énormément besoin d’affection, d’encouragements et de chaleur humaine, d’un climat relationnel serein et positif. Ils ont un égo très faible, sont maladivement sensibles au jugement d’autrui et ont en permanence besoin d’être rassurés sur eux-mêmes.

A cause de leur hippocampe buggé (qui est l’équivalent d’un système de stockage), ils peuvent en permanence revivre mentalement un souvenir intact. L’équivalent d’un stress post-traumatique. Cela provient de situations intenses piégées dans l’amygdale.

Ils sont également empathiques et agissent comme une éponge à sentiments: ils sont incapables de rester serein à côté de quelqu’un de triste ou de rester calme avec quelqu’un de stressé. Ils ne peuvent être biens que si les personnes autour d’eux vont bien; et puisqu’elle sera la première à souffrir du mal qu’elle ferait à autrui, elle est condamnée à la gentillesse.

La gentillesse ne peut être qu’un état d’être, pas un calcul. La méchanceté gratuite et la malveillance sont inconcevables, ce qui les rend vulnérables aux manipulateurs et aux escrocs. De trahison en trahison (incompréhensibles, puisque la malveillance n’existe pas), elles deviennent méfiantes (voire paranoïaques) et se replient sur eux-mêmes.

Autre problème: la pensée en arborescence: une idée en fait jaillir de nouvelles, qui en font de jaillir d’autres, etc. “Chez les cerveaux droits, la décision est un art: elle sera fulgurante ou impossible”. Cela implique qu’il faut “se regarder penser” pour pouvoir visualiser le flot d’idées et choisir le bon chemin. Cela peut aussi avoir un lien avec les sauts d’humeur: une pensée négative parmi le flot d’idées aura un impact sur l’humeur de la personne (euphorie suivie d’une grosse déprime par exemple). Il s’agit grosso modo d’une usine à fabriquer des doutes et des questions. Un autre soucis lié à ceci est qu’on va user notre plaisir avant de l’avoir réellement, à force d’imaginer toutes les options possibles. A force, il n’y aura plus rien à découvrir. Bref, il faut apprendre à se recentrer sur l’instant présent.

Au final, il y a énormément d’aller-retours entre le passé (ce qui s’est déjà déroulé et qu’on revit) et le futur (dans lequel on ne cesse de se projeter, pour lequel on ne cesse d’imaginer toutes les issues possibles). On note aussi que les “décisions qui sont prises sont aussi sages que prudentes” et que “les risques de foncer dans le mur, d’avoir des inconvénients pires que les solutions sont quasiment nuls”. Les décisions respecteront tant le système personnel, familial que relationnel, à court et à moyen terme.

Il y a aussi le principe d’anorexie intellectuelle: le fait de devoir alimenter son cerveau avec des des matières nouvelles pour sortir de la dépression; et avec si possible plusieurs projets à mener en parallèle.

Au niveau du sommeil, les nuits sont entrecoupées de réveils, agitées, de rêves compliqués et de cauchemars hyperréalistes. Solutions: sport, sophrologie, alimentation.

“Quand on me demande d’accomplir une tâche, je ne me pose pas la question de savoir si je veux la faire ou non. Cette étape est zappée, car c’est forcément oui. Je serai surtout occupé à savoir comment je vais caser ce nouvel élément dans mon emploi du temps”. Ce concept est l’anitchambre du burn-out pour ces personnes.

La peur du rejet, les critiques et les moqueries peuvent s’assimler à des violences psychologiques. Même s’il ne s’agit que de micro-aggressions, le stress qui en découle peut créer un syndrôme de Stockholm qui peut expliquer que certaines personnes restent en lecture permanente, cherchant toujours à satisfaire leurs interlocuteurs, épousant de ce fait toutes les causes au bout de quelques phrases et incapables de s’opposer à quoi que ce soit.

“Pour guérir de cette dépression latente, il faut retrouver sa spontanéité. Genre: “cela ne m’arrange pas”, plutôt que “oui, d’accord!”. “Seul l’enfant a besoin d’un amour inconditionnel; l’adulte peut s’en passer. Vous n’avez pas besoin de plaire à tout le monde pour rester en vie”.

Quelques questions à se poser:

  1. Jusqu’où je suis gentil, à partir de quel moment est-ce que je deviens stupide?
  2. A partir de quel moment est-ce que je deviens soumis ? (obéir à l’autre au lieu de se faire respecter)
  3. A partir de quel moment est-ce que je deviens lâche ? Ma peur de la confrontation n’est pas en train de prendre le dessus ?
  4. Cette personne mérite-t-elle réellement ma gentillesse ?

Et finalement, pour réssuciter son estime de soi:

  1. Renoncer à la perfection
  2. Valider ses réussites sans restriction, éviter le “mais” et arriver à se limiter aux points positifs.
  3. Valoriser l’image de soi (= façon subjective dont on se voit soi-même et dont on pense que les autres nous voient). Devoir prouver sa valeur est un piège sans-fond: plus on cherche à la prouver, plus on la minimise. “Vous êtes quelqu’un de bien et valable, vous n’avez rien à prouver à personne”.
  4. Cultiver l’amour de soi: les gens qui ne s’aiment pas se négligent; les gens qui s’aiment se respectent et se font respecter.

En se débarassant de sa perfection, un liste devient ce vers quoi on doit tendre et non plus ce qu’on doit atteindre.

Quatre besoins:

  1. Apprentissage permanent: cela demande de la persévérance et de la simplification (et un brin de pédagogie)
  2. Faire du sport et/ou de la relaxation
  3. Exploiter sa créativité. Le plus désolant est de se retrouver dans une fonction exécutive, qui manque d’autonomie et de créativité. Voir l’artisanat et les professions libérales. De l’art et de l’affectif.
  4. Apprendre à gérer les critiques (les gens parlent en fait de ce qu’ils s’interdisent eux-mêmes). En profiter pour écouter et améliorer nos propres interdits. Si d’accord, “ok”, si pas d’accord, “c’est votre avis”. Dans la foulée, soigner sa blessure de rejet, cadrer sa bienveillance.

Photo by Patrick Perkins on Unsplash.