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Le crépuscule et l'aube

·514 mots·3 mins
Ken Follett

Je pense que ce sera le dernier Ken Follet que je lirai. D’un côté, c’est lui qui m’aura initié aux pavés littéraires, avec les Pilliers de la Terre, et en même temps, ses textes sont tellement gores et malsains, que chaque paragraphe me laisse une petite marque post traumatique, que quelques granules d’Arnica ne suffiront pas à apaiser.

En fait, après l’avoir fini, c’est typiquement le genre de livre où le pire pointera systématiquement le bout de son nez au détour d’une phrase anecdotique. Dans la grande majorité des livres (que j’ai lus), chacun d’entre nous suit un scénario statistique spécifique:

  1. Il nous fait découvrir ses personnages,
  2. Puis “oh zut”, y a un truc qui va pas, mais c’est pas grave, ça va s’arranger"
  3. Ca s’arrange.

Voire, comme dans complètement cramé, où “ça va” au début, mais ça ne fait que délirer au fur et a mesure.

Dans Le crépuscule et l’aube", c’est l’inverse: la plupart des protagonistes sont foncièrement mauvais, nauséabonds et toxiques. Ils suitent la méchanceté, et cette partie s’accélère particulièrement vers la moitié du livre. Si vous trouvez le début difficile, dites-vous que c’est plutôt orienté licornes et arc-en-ciels par rapport à ce que vous aurez la joie de lire par la suite.

Il y a évidemment des personnages qui rehaussent le tout par leur bonté (ouf!), mais les autres méritent de crever de castration et d’énucléation (avec les testicules à la place des globes oculaires). Petit extrait bon enfant:

Comme le Viking levait sa hache pour lui asséner le coup fatal, Wynstan esquiva. Il planta sa lance dans la gorge du Viking et poussa de toutes ses forces. La lame pénétra les chairs tendres, tranchant muscles et tendons, traversa le cerveau et ressortit à l’arrière du crâne. L’homme mourut sans un bruit.

Historiquement, ça se pose quand même. Je n’ai jamais lu de récit aussi réaliste et qui fourmille autant de petits détails de la vie quotidienne de cette période (~10eme siècle). Il est parfois difficile de se représenter certaines scènes, tant le détail apporté à la description des personnages est plus soigné que celui apporté aux décors (qui auraient presque pu se limiter “Il y a un pont - regardez la carte au début du livre, merde!”). A côté de ça, il y a les viols, meurtres et coups bas toutes les 20 pages, qui en deviennent moralement difficiles à supporter.

Sur les trente dernières pages, tout va bien:

* les méchants meurent salement (et bêtement),
* les gentils se marient ou couchent ensemble,
* ceux qui ont souffert (et qui ont réussi à ne pas mourir) sont récompensés, ...

C'est beau.
Mais ça ne mérite pas les 810 pages de tourments, stupeurs et tremblements.

Pour citer l’avis d’une personne proche dont je tairai le nom:

Et tu lis ça ? J’ai adoré les Pilliers de la Terre… mais j’en rêve encore…. ce sont juste des tarés, oui !

Bref, je l’ai fini, je suis très content de l’avoir lu, mais il va me falloir quelques mois avant de me remettre. Pour le prochain, je passerai peut-être mon chemin.