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World War Z

·555 mots·3 mins
Max Brooks

Le pitch est simple: l’apocalypse, des zombies, plein de morts qui cherchent à faire leur casse-croute des vivants. Un lundi sous la pluie, quoi. Ce qui est sympa, c’est que le livre ne se fixe pas sur un petit groupe de survivants qui vont tous crever dans d’atroces souffrances les uns après les autres, mais se présente comme un recueil de petites interviews entre “le héros”, un journaliste qui travaille pour l’ONU (ou plutôt ce qu’il en reste…) et différents survivants. Chaque personnage y va de sa petite anecdote sur les évènements qui se sont déroulés, et c’est au travers de leurs yeux que l’on découvre les faits. On a ainsi un point de vue “avant-après” pour plusieurs endroits de par le monde, en France, au Chili, en Chine, en Inde, …

L’auteur commence évidemment par l’apparition des premiers symptômes, puis enchaîne sur la manière dont le virus s’est rapidement répandu, suivie de “La Grande Panique”, la guerre proprement (ahah…) dite, et finalement la fin des hostilités. Tout cela est vu par certains personnages clés, qui auront chacun eu leurs propres jugements et leurs propres expériences à ces différents moments. Il ne s’agit donc pas d’un livre d’horreur bourré de suspens et de descriptions horribles, mais plutôt d’un assemblage de témoignages qui tendent à rendre le récit plus réel.

Certaines personnes pourraient être déçues que l’histoire ne rentre pas suffisamment dans les détails, et qu’aucune piste ne soit donnée sur l’origine du mal. De ce côté-là, il va falloir accepter pas mal de choses sans vouloir à tout prix comprendre comment et pourquoi… Comme dans la plupart des histoires du genre, hein, sans vouloir faire la fine bouche.

Au niveau des points forts: chaque histoire trouve ses racines dans un monde qui nous est familier, que l’on parcourt au quotidien et qui n’a pas besoin de faire appel à notre imagination. Bien que chaque récit ne se concentre pas exclusivement sur les morts-vivants, on sent quand même que ceux-ci ne sont jamais très loin: l’homme a (enfin) un prédateur (autre que lui-même), ce qui amène un comportement complètement désorganisé, des regroupements, une mise-en-place de plans de survie (qui impliquent généralement la mort d’un plus grand nombre pour sauver quelques privilégiés), … un beau bordel, en somme.

Ce dernier point donne droit à quelques scènes exceptionnelles, tant la mise en scène est crédible et vicieuse. L’auteur dépeint réellement l’arrogance de l’humanité par rapport à ce qu’elle ne connait pas, enfonce les médias pour leur recherche de la une et met en avant le pathétisme des décisions des personnes “importantes”. Il va même plus loin, puisqu’il étale un contexte géopolitique et imagine l’évolution et le déclin de certaines grandes puissances. Je ne pense pas qu’un autre livre aille aussi loin dans la description du “après”: on nous bassine généralement avec le présent, les monstres qui veulent se taper du burger d’humain et ces derniers qui ont souvent la bonne idée de “se séparer en groupes de tout seul, pour avoir plus de chances de s’en sortir!”. Bref les explications sont crédibles et mettent dans l’ambiance. L’imagination fait le reste. C’est un peu ça qui fait aussi la force de ce roman: les grandes lignes de l’histoire sont tracées, écrites, et les récits de quelques pages raccrochent tous ces éléments les uns aux autres. Du grand micro-art :)