La marge d'erreur
Publié le 21/05/2023

Cynisme et dépression
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Lâhistoire, en courts chapitres, dâune dĂ©pression lancĂ©e Ă grande vitesse vers lâaccident cĂ©rĂ©bral, entrecoupĂ©e dâespoirs, dâenvie de vivre, de rebondissements journalistiques de cynisme, dâhumour et de sexe.
« pour quâune chose soit vraiment belle, il est prĂ©fĂ©rable quâelle se termine vraiment mal » (en parlant du Cercle des PoĂštes Disparus)
Ce qui nâempĂȘche pas de parler de « programmateur » au lieu de « programmeur » (maiiis siii, jâavais dĂ©jĂ fait la rĂ©flexion dans un livre de Marc Levy. Dâailleurs, Boulet aussi lâa fait remarquer).
Chaque personnage est intĂ©ressant. Pas obnubilant, ni un super hĂ©ros: juste une personne comme on pourrait en croiser vingt rien quâen allant faire ses courses, avec ses rĂȘves, ses dĂ©sillusions et ses poils.
Et puis on tombe sur ça:
Ma vie a commencĂ© Ă quarante ans. Elle s'est terminĂ©e cinq ans plus tard, le soir oĂč elle m'a quittĂ©. En fait, mon existence a durĂ© cinq ans. C'est dĂ©jĂ pas si mal. Il y a des gens qui passent toute une vie Ă ne pas exister. Depuis, je survis, je me gave tellement de mĂ©dicaments que je suis sous camisole chimique. Je ne ressens plus rien. Je n'ai mal nulle part. Mais je ne ressens aucun plaisir non plus. Ni aucune joie. Mais pas de peine non plus.
Et la suite va de truc mature en truc adulte, et câest la que câest drĂŽle: du haut de mes presque 40 ans, je ne me suis en fait jamais vu lire ce type de roman: câest une forme de philosophie inversĂ©e, ou je dois me forcer Ă prendre du recul pour dĂ©couvrir que câest Ă moi que câest destinĂ©, et que jâen fais bien partie du public. Sans aller jusquâĂ une orgie de Donatien Alphonse François de Sade (marquis, de profession), certaines scĂšnes sont particuliĂšrement crues et ne conviendront pas Ă tous les publics - « Il faut ĂȘtre gourmet pour apprĂ©cier » (ce qui ne veut pas dire que jâen ai les capacitĂ©s đ), et vire au scatologique et Ă la pornographie gonzo, le tout dans un dĂ©cor de schizophrĂšnie amoureuse, oĂč on prie et croise les doigts pour que ce soit la mĂ©chante qui perde Ă la fin de lâhistoire.
Mais si la partie cul est la dĂ©coration du gĂąteau, câest le fond qui reste en bouche, avec du Charlie Hebdo, Samuel Paty, GisĂšle Halimi, Louis-Ferdinand CĂ©line ou Christine Taubira, avec des profs qui donnent leur ressenti sur la prostitution du systĂšme Ă©ducatif.
« Mentir, toujours, mentir en croyant que câest vivre ».