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La marge d'erreur

·419 mots·2 mins
Nicolas Rey

L’histoire, en courts chapitres, d’une dépression lancée à grande vitesse vers l’accident cérébral, entrecoupée d’espoirs, d’envie de vivre, de rebondissements journalistiques de cynisme, d’humour et de sexe.

« pour qu’une chose soit vraiment belle, il est préférable qu’elle se termine vraiment mal » (en parlant du Cercle des Poètes Disparus)

Ce qui n’empêche pas de parler de « programmateur » au lieu de « programmeur » (maiiis siii, j’avais déjà fait la réflexion dans un livre de Marc Levy. D’ailleurs, Boulet aussi l’a fait remarquer).

Chaque personnage est intéressant. Pas obnubilant, ni un super héros: juste une personne comme on pourrait en croiser vingt rien qu’en allant faire ses courses, avec ses rêves, ses désillusions et ses poils.

Et puis on tombe sur ça:

Ma vie a commencé à quarante ans. Elle s’est terminée cinq ans plus tard, le soir où elle m’a quitté. En fait, mon existence a duré cinq ans. C’est déjà pas si mal. Il y a des gens qui passent toute une vie à ne pas exister. Depuis, je survis, je me gave tellement de médicaments que je suis sous camisole chimique. Je ne ressens plus rien. Je n’ai mal nulle part. Mais je ne ressens aucun plaisir non plus. Ni aucune joie. Mais pas de peine non plus.

Et la suite va de truc mature en truc adulte, et c’est la que c’est drôle: du haut de mes presque 40 ans, je ne me suis en fait jamais vu lire ce type de roman: c’est une forme de philosophie inversée, ou je dois me forcer à prendre du recul pour découvrir que c’est à moi que c’est destiné, et que j’en fais bien partie du public. Sans aller jusqu’à une orgie de Donatien Alphonse François de Sade (marquis, de profession), certaines scènes sont particulièrement crues et ne conviendront pas à tous les publics - « Il faut être gourmet pour apprécier » (ce qui ne veut pas dire que j’en ai les capacités 😙), et vire au scatologique et à la pornographie gonzo, le tout dans un décor de schizophrènie amoureuse, où on prie et croise les doigts pour que ce soit la méchante qui perde à la fin de l’histoire.

Mais si la partie cul est la décoration du gâteau, c’est le fond qui reste en bouche, avec du Charlie Hebdo, Samuel Paty, Gisèle Halimi, Louis-Ferdinand Céline ou Christine Taubira, avec des profs qui donnent leur ressenti sur la prostitution du système éducatif.

« Mentir, toujours, mentir en croyant que c’est vivre ».