J’ai découvert Linux un peu par hasard, chez le marchand de jounaux, en achetant un Linux Magazine qui contenait une Mandrake 7.1 ou 7.2. A l’époque, pas de Live Cd, de Wubi ou de machines virtuelles: la découverte et l’installation ne faisaient qu’un : obligés d’installer l’OS pour voir de quoi il retournait. Heureusement que le dual boot était déjà d’actualité (et facile à mettre en place), sans quoi la machine familiale aurait sans doute eu droit à sa réinstallation mensuelle prématurée de Windows 98…
Après avoir scandé partout que “Linux c’est trop bien! Mais, au fait : comment on installe un .exe ?”, la chute a été relativement dure : je me suis un peu accroché, et j’avoue que la première compilation de Gimp avec un tas de commandes incompréhensibles dans un terminal (Konsole, puisqu’il s’agissait d’un environnement KDE) était sacrément agréable pour le petit bébé g33k que j’étais à l’époque. Ceci dit, la Mandrake n’aura pas tenu longtemps : j’aurai réitéré l’expérience avec les successeuses [^1] (Mandrake 8 et 9, sorties respectivement en 2001 et 2002), mais elles n’auront pas réussi à me garder. Il faut dire aussi qu’à l’époque, l’ordinateur était principalement utilisé pour du rendu 3D avec Bryce et du chat avec MSN. Pour les jeux, la PlayStation trônait fièrement au milieu du salon.
Entretemps, la distribution Red Hat passera sur le grill (en version 7.x, principalement). J’utiliserai la 8 pour remettre un Celeron 400 à jour. Si je me rappelle bien, cela avait été la croix et la bannière pour faire fonctionner le maudit modem (“modimodem” ?) de cet OS. Pas de bol : fournir une station d’accueil pour une connexion Internet, perdu au fin fond du Sud Ouest français aurait été son principal intérêt.
Après cela, j’aurai suivi les principales évolutions, mais en restant bien à distance. C’est plus ou moins à ce moment-là que je me suis approché du projet Debian ; en suivant pas mal de tutoriaux (et en participant assidument au forum Linux de PCInpact), j’ai réussi à la faire tourner et à la conserver pendant un petit moment.
Le bonheur d’apt-get
, aptitude
et autres outils de gestion.
Le moins-bonheur de passer en “testing puis sur Sid, avant de tout réinstaller”.
Finalement, celle qui me laissera sans doute le plus de souvenirs (et d’apprentissage) sera Gentoo :
- Un manuel super bien fait,
- Une communauté présente,
- Des chouettes fonds d’écran (bah quoi? On peut être geek et esthète :))
- … et beaucoup de temps de compilation devant soi m’ont permis de maintenir le système pendant pratiquement toutes mes années d’université.
Ubuntu commençait tout doucement à décoller à ce moment-là, je l’aurai essayé et utilisée (puisqu’installée par défaut dans les salles informatiques, à défaut d’une Red Hat non maintenue à jour).
Cette dernière aura beaucoup plus touché les foules, mais pas au même titre que la Gentoo, qui donnait réellement l’impression de maîtriser le système, avec une forme de vertu pédagogique.
Je ne pense pas que les flags
et les optimisations possibles de GCC aient réellement agit sur la rapidité du système, mais il est clair que la documentation qu’il fallait potasser avant d’arriver à quelque chose m’a appris BEAUCOUP.
Au final, il était juste génial d’avoir des dépôts ultra-complets, faciles à utiliser (parce que oui, à part le Stage 1 de l’installation, la maintenance demandait principalement du temps de compilation, pas du temps de compréhension par l’utilisateur). Et quand il a fallu installer un compilateur/interpréteur Cobol (tinyCobol) sur la machine hôte, cela a été fait en deux coups de cuillère à Portage.
Sans parler de la configuration de l’accès SSH pour tous mes potes étudiants qui n’avaient pas ce qu’il fallait chez eux, qui s’embourbaient dans des compilations de dépendances incompatibles avec leur système ou qui n’y comprenaient simplement rien. Bref, joie, bonheur et cotillons (et un peu de frime aussi, j’avoue).
L’installation d’un adaptateur Wifi non supporté a fini d’achever ma distribution et me forcera à revenir à Windows XP. Puis Vista (pour essayer). Puis 7 (par commodité).
Entretemps, j’aurai eu l’occasion d’essayer également une Arch Linux, cousine de Gentoo, mais présentant plus de facilité (et de rapidité) pour l’installation: les paquets étant tous déjà compilés pour une architecture commune (x86 ou x86_64), pas besoin de compiler chaque paquet pour les besoins spécifiques du processeur.
En 2010, je passerai finalement sur une Fedora, dont j’avais plus ou moins suivi les débuts, mais que j’avais abandonné suite aux déboirs de la Red Hat 8. Si je me rappelle bien, Yum n’en était encore qu’à ses débuts… Le passage à une Fedora 15 présentait forcément quelques (gros) changements par rapport à une simple Red Hat 8 :) Les versions se succederont finalement jusqu’à la Fedora 20, où, pris d’une soudaine envie d’essayer la dernière version de Windows (et ayant envie d’avancer sur un gros projet .Net, avec Visual Studio), je scraperai complètement mes partitions pour revenir sur le monde Microsoftien. Qui ne durera finalement que quelques semaines, le temps de constater que oui, Windows 8.1 n’est pas si mal, mais que non, définitivement, il n’offre pas la liberté proposée par un système sous Linux !
Du coup, ayant envie de revenir un peu sur Arch Linux que j’apprécie tout particulièrement, mais n’ayant pas envie de me retaper toute l’installation, configuration, chroot et tout le bordel, je passerai sur une Antergos, avec (quitte à faire du changement), KDE, environnement sur lequel je n’étais plus revenu depuis … la Mandrake 7.1.
[^1] Oui, ça se dit.